Historique

Réserve naturelle du Bois de Chênes de Genolier
Rappel historique et principales valeurs naturelles

Début des années 1960
L’armée est sur le point d’acheter le domaine du Bois de Chênes pour en faire une place d’entraînement pour chars blindés avec le plein accord des autorités de Genolier.

Protecteurs de la nature et cavaliers de la région réagissent et conduisent l’Etat de Vaud à signer en 1961 et pour 50 ans une convention avec la Commune de Genolier. Cette convention permet à l’Etat de Vaud d’exercer les droits du propriétaire jusque en 2011 et de gérer le domaine dans un but de conservation de la nature. Pour cela l’Etat de Vaud paie à la Commune de Genolier une redevance indexée au coût de la vie: 20’000.- Fr en 1961 et 71’290.- Fr en 2006!

23 décembre 1966
Publication d’un Arrêté de classement du Conseil d’Etat concernant la protection du Bois de Chênes.

Ce document est marqué par l’ancienne menace des exercices militaires, mais est totalement insuffisant face aux menaces liées à l’urbanisation de la région depuis les années 1970. L’Etat a toujours refusé la révision de ce document officiel.

Inscription à divers inventaires
Le Bois de Chênes est inscrit à l’inventaire des monuments naturels et des sites du Canton de Vaud depuis 1972 et à l’inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels d’importance nationale depuis 1977.

Des inventaires plus récents comme celui des bas-marais d’importance nationale ou celui des sites de reproduction des batraciens d’importance nationale mentionnent des portions du Bois de Chênes.

NB : Un inventaire reconnaît l’intérêt d’un site, mais ne constitue pas un document qui en assure la protection ! …

Surfaces et statuts
Sur environ 140 hectares que comprend le Bois de Chênes, 38 hectares constituent la Réserve intégrale et scientifique où les règles de conduite à respecter sont les plus strictes. (Aucune cueillette ni collecte, visite uniquement à pied, sans chien et en restant sur les sentiers). La forêt y est soustraite à toute intervention humaine directe à part le dégagement des sentiers et évoluera vers une forêt primaire ou « vierge » dans 2 ou 3 siècles si les générations à venir en respectent la protection. Cette expérience très peu commune en basse altitude en Europe occidentale est scientifiquement suivie: On y trouve notamment 11 parcelles où les arbres ont été marqués individuellement par la chaire de sylviculture de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich. Aujourd’hui déjà vous pouvez admirer de véritables monuments naturels constitués par des arbres morts sur pied ou arrachés. Mais attention au bois qui peut tomber, surtout par temps venteux ! On y pénètre à ses risques et périls !

Géologie, paysages
Situé entre 490 et 580 m d’altitude, le Bois de Chênes est constitué d’un paysage hérité de la dernière glaciation : Il y a quelque 10’000 ans, le glacier du Rhône se retirait de la région après y avoir déposé d’importantes moraines. Avec le concours d’anciens fleuves de glace et cours d’eau, cette moraine a été modelée en une succession de collines arrondies et de cuvettes, qui réservent au promeneur des perspectives sans cesse renouvelées et faisant oublier la proximité des zones urbanisées alentours. Cette impression est renforcée par l’alternance de boisés et de prairies entre lesquels se déroulent des kilomètres de lisières.

Flore, végétation
La topographie particulière fait alterner les lieux secs et bien drainés des sommets de collines avec divers étangs et lieux humides dans les cuvettes.

La forêt comprend huit types allant de la chênaie sèche à l’aunaie noire souvent inondée.

Les prairies sèches sont constituées d’espèces comme les hélianthèmes, les œillets des Chartreux et des rochers, les scabieuses colombaires, plusieurs espèces d’orchidées, etc… On trouve d’autres orchidées, des salicaires, des angéliques, des pimprenelles officinales, etc.. dans des prairies humides et des roseaux, laiches élevées, grandes douves, etc.. peuplent des étangs souvent temporaires.

Faune
La diversité de la végétation entraîne celle des insectes, araignées, escargots et autres invertébrés parmi lesquels on compte plusieurs espèces rares.

L’observateur de la vie des prairies pourra ainsi y découvrir de nombreux papillons comme macaon, zygène, azuré, etc…ou l’araignée tigre dont les rayures jaunes de la grosse femelle impressionnent…

Le visiteur nocturne pourra entendre vers fin février déjà le chant particulier émis sous l’eau des grenouilles agiles au Lac Vert ou le doux sifflement des crapauds accoucheurs qui chantent les soirs d’été chauds au sud et sud-est du Bois de Chênes…pour citer deux espèces assez rares de batraciens vivant dans la réserve.

Parmi les reptiles, on mentionnera le lézard agile encore bien présent au Bois de Chênes alors qu’il est devenu rare dans la région où il ne vit qu’en basse altitude.

Le Bois de Chênes est un îlot bienvenu pour de nombreuses espèces d’oiseaux qui y trouvent de quoi s’alimenter et même y nicher comme par exemple quatre espèces de pouillots, ces petits spécialistes de l’auscultation du feuillage où ils capturent chenilles et araignées ou la chouette hulotte, une des nombreuses espèces utilisant les arbres creux pour y élever ses jeunes.

La faune des mammifères est riche au Bois de Chênes : Les chevreuils sont probablement les plus faciles à observer, mais les promeneurs ayant eu le cœur palpitant en rencontrant des sangliers sont toujours plus nombreux ces dernières années. D’autres espèces sont beaucoup plus discrètes comme par exemple le chat sauvage et le putois. Les petits mammifères (musaraignes et divers rongeurs) sont en général difficiles à voir dans la nature. Parmi eux deux espèces de musaraignes aquatiques ont été capturées lors d’études et ces étonnants plongeurs en apnée illustrent bien combien d’humains peuvent passer à quelques décimètres de leur cachette et rester à mille lieues d’imaginer que de telles créatures existent ici… !

7 ans de travail de l’Association pour le Bois de Chênes de Genolier

  1. Fondée en 2007, l’ABCG vise à promouvoir le maintien naturel et bâti du Bois de Chênes et sa vocation de milieu protégé, encourager et soutenir la gestion de l’endroit pour développer ses valeurs et qualités, favoriser la connaissance scientifique de la Réserve et de sa région etc.
  2. En 2014, elle représente environ 1400 membres privés et collectifs. Les cotisations de chf 10.-/an/pers. sont quasi  doublées par les dons, notamment ceux des entreprises qui participent aux travaux d’entretien dirigés par le surveillant gestionnaire. Fortune à la fin de l’exercice 2013: chf. 51.314,60.
  3. Chaque année, l’ABCG offre environ 10 actions de sensibilisation à la nature : conférences, visites, découverte de la flore, de la faune,  pratiques de potager naturel,  gestion d’espaces naturels etc. Ces activités, gratuites et ouvertes à tous, relayées par les média, attirent de 5 à 50 personnes. Elles sont menées par des intervenants  bénévoles  mais néanmoins  professionnels ou experts renommés. Il en va de même pour son comité.
  4. Elle a édité un dépliant résumant ses buts et actions, une brochure de visite guidée au BC, un site web  et une présence sur un portail informatique réservé aux associations naturalistes.
  5. Par des statuts complets, clairs et précis, elle a demandé et obtenu le statut d’association de pure utilité publique et l’exonération fiscale.
  6. Elle détient une bonne partie des rapports d’études scientifiques menées au BC depuis de nombreuses années. NB ces études n’auraient pu se faire sans la collaboration active du surveillant gestionnaire résidant sur place.
  7. L’ABCG est  soutenue  par des personnalités politiques, scientifiques, économiques, naturalistes et par unepopulation attachée à trouver au Bois de Chênes un lieu de ressourcement, une tranquillité et unebiodiversité exceptionnelles, fruits d’interventions ciblées, d’une surveillance rapprochée et d’un accueil de qualité.

Septembre 2014 – Création de la Fondation du Bois de Chênes

Après plusieurs  années de consultations et d’initiatives conjointes entre la Commune de Genolier, le canton de Vaud et l’ABCG, la Fondation du Bois de Chênes a été constituée le 30 septembre 2014, devant notaire, par la Commune de Genolier.

Le Conseil de fondation prévoit expressément à son art. 7 des statuts un représentant de l’Association pour le Bois Chênes de Genolier.

Nous sommes heureux et fiers  de voir que nos démarches communes ont abouti à cette étape essentielle dans la protection du Bois de Chênes, si cher à notre cœur.

Les objectifs de la nouvelle fondation sont très proches du scénario d’évolution préconisé par notre association : ni Disneyland, ni Ballenberg, mais plutôt la demeure  de la Belle au Bois Dormant, la réserve et ses alentours devraient continuer d’être ce havre de paix et ce poumon de verdure auxquels nous sommes tous et toutes, si attachés.

Si les objectifs sont clairs et pertinents, les moyens d’y pourvoir, par contre, ne sont  pas encore complètement acquis. Et cela pose la question de savoir quelles doivent être la fonction et le rôle de l’ABCG au sein de la Fondation.

Notre conviction est la suivante :

    • l’ABCG doit faire reconnaître tout ce qui a été fait pendant plus de 50 ans grâce à la présence vigilante, compétente et accueillante des surveillants gestionnaires qui s’y sont succédé. Entretien des lisières et des chemins, accueil et animation didactique pour les publics les plus divers, relation avec les milieux scientifiques, parfois rôle de gendarmes, l’ensemble de ces activités  a été le fait de gens compétents et motivés, ceci avec des moyens dérisoires. Ce n’est que justice de le relever. Or ce travail demeure toujours plus nécessaire, étant donné la pression croissante de certains citadins peu au fait des contingences de la nature. Il est dommage que certains élus puissent croire, aujourd’hui encore, que le Bois de Chênes est resté aussi préservé sans intervention humaine, comme par enchantement.
    • L’ABCG doit jouer un rôle de « mémoire  prospective », autrement dit de témoin et de ressource : c’est-à-dire que, forte de l’expérience et des connaissances du surveillant gestionnaire, des scientifiques et des naturalistes oeuvrant au Bois de Chênes, elle est à même d’apporter une contribution essentielle pour la gestion future du site. En effet, la Fondation est un bel outil tout neuf, auquel il convient d’apporter tout un passé et le présent de notre programme d’activités naturelles, scientifiques et pédagogiques. Ceci doit être notre contribution.

C’est ainsi que nous sommes attachés à la présence sur place d’un surveillant gestionnaire, qui doit être coordinateur des différentes recherches et activités sur le site du Bois de Chênes. Nous craignons en effet de voir s’émietter les responsabilités de la gestion et de la surveillance du Bois de Chênes.

Au sein de la Fondation, le rôle de l’ABCG sera de défendre les options susmentionnées.

Avant de vous laisser découvrir les activités à venir, relevons le succès impressionnant de la journée consacrée à l’étude et à la dégustation de « mauvaises » herbes… ainsi que le succès toujours renouvelé des balades poético-érudites à la découverte de la forêt, des prairies et de leurs multiples hôtes, animaux et végétaux.

Ne manquez pas nos prochains rendez-vous…et faites les connaître autour de vous.

Bel automne à toutes et à tous.

Pour le comité de l’ABCG

Ph. Martinet
Vice-président
Noé Graff
Président